De Plouhinec à Quiberon

Tour de Bretagne [Étape n°61]

Sur la rivière d'Etel
Sur la rivière d’Etel

Il a plu toute la nuit. J’ai néanmoins bien dormi au chaud et au sec ; ce sursac et cet abri forment un couple d’enfer !

Chaussettes mouillées dans des chaussures mouillées, finalement ça n’est pas si terrible que ça dès qu’on est réchauffé, et mes pieds tiennent bien le coup. Tiens, ça me fait penser que je n’ai absolument jamais eu mal aux pieds avec ces nouvelles chaussures basses et pas la moindre ébauche d’ampoules.

Quelques minutes après avoir quitté mon pommier, je rencontre un homme de la soixantaine qui promène son chien et qui m’aborde « en collègue ». Miguel est allé à Compostelle en 2010 depuis le Puy-en-Velay, en compagnie de son beau-frère qui a dû déclarer forfait à Saint-Jean-Pied-de-Port à cause d’une tendinite. Lui-même a continué jusqu’au bout, peut-être parce qu’il avait trouvé le moyen de n’avoir qu’un petit sac sur le dos et son gros sac dans une charrette bricolée. Recette non brevetée : fixez la roue d’un vélo d’enfant à un demi-wishbone de planche à voile, soudez celui-ci à une plaque d’aluminium achetée chez Leroy-Merlin sur laquelle vous attacherez le sac avec des courroies. Il ne vous restera plus qu’à tirer l’ensemble à l’aide d’un harnais de policier acheté sur le web. « Coût total, moins de 100 euros, et il n’y a eu besoin d’aucune réparation pendant tout le Camino, mis à part un seul changement du pneu ! » Ingénieux et visiblement efficace !

Ce matin encore, le GR34 reste à distance de la mer. Il emprunte des sentiers forestiers, des chemins de terre et des petites routes. Ce n’est pas désagréable mais quand même un peu monotone. Arrivé à la rivière d’Etel, je la franchis à Pont-Lorois et m’arrête sur sa rive droite pour déjeuner tout en regardant les travailleurs de la mer en action. Je profite aussi du retour du soleil pour faire sécher tente, chaussures et chaussettes. Un petit lavage + séchage des pieds complète les soins donnés au matériel. Résultat probant : les chaussettes sèches et les pieds propres et aérés ont décidé de coopérer pour que j’oublie que les chaussures dans lesquelles ils sont à nouveau emballés pour l’après midi restent bien humides.

Tout l’après-midi, je marche d’un bon pas en me trompant systématiquement de chemin à chaque bifurcation. Il y a des jours comme ça… À la Fontaine Sainte-Barbe, sous les regards de quelques promeneurs amusés, je lave à l’eau claire la partie supérieure du bonhomme et son T-shirt manches longues à capuche (très agréable à porter sous le soleil avec une casquette) puis m’engage sur la presqu’île de Quiberon.

En arrivant sur la presqu'île de Quiberon
En arrivant sur la presqu’île de Quiberon
Sur les deux ou trois premiers kilomètres de la presqu’île, il y a plein de jolis endroits pour planter sa tente… sauf que le bivouac est interdit sur les dunes et qu’il paraît qu’il y a des patrouilles. C’est rageant.

Ne le dites à personne, mais vers 19 heures, j’ai profité qu’il n’y avait personne en vue pour me glisser au sein d’un groupe serré de vingt ou trente arbustes buissonnants au sein desquels j’ai réussi à trouver un espace de 2 mètres sur 3 pour y monter l’abri. Chemin à 20 mètres, train touristique à 50 mètres (mais il ne devrait pas rouler la nuit), voie rapide à 100 mètres… mais je suis invisible, et avec mes bouchons d’oreilles, il m’est déjà arrivé de passer une excellente nuit dans le dortoir animé d’une auberge de jeunesse, alors… Good night folks.

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