Vive la chasse !
- Publié le Samedi 26 février 2011
- par Serval
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Traversée Nord-Sud, étape n°20 : Orgerus -> Rambouillet (lundi 10 janvier 2011)
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud.
Quelle chance donc qu’on soit lundi ! Car le lundi, en forêt de Rambouillet, c’est jour de chasse. Pas de lourd silence donc, pas de morne solitude, je marche en bonne compagnie : les coups de fusil se succèdent, les trompes et les cors résonnent harmonieusement et les cris virils qui jaillissent de toutes parts témoignent de la noble excitation des protecteurs de la nature qui régulent aujourd’hui la pullulation animale.
Jugez de mon ignorance : en entendant des sons de trompe, j’ai d’abord cru à une chasse à courre. Mais non. Comme deux vaillants guerriers, harnachés de manière seyante de splendides gilets orange fluo, me l’expliquent avec indulgence : « La chasse à courre, c’est le mardi. Aujourd’hui, on chasse à pied. » Zut, quel dommage que je ne puisse pas repasser par ici demain !Il est juste midi, les deux hommes attendent le passage du 4 x 4 qui va les emmener au restaurant. Ils se réjouissent déjà du déjeuner entre amis qu’ils ont bien mérité après une matinée riche en émotions. J’attends avec eux en devisant, avide de m’enrichir l’esprit au contact d’autres membres de cette auguste confrérie.
Le véhicule arrive bientôt, tirant une remorque garnie de deux bancs sur lesquels six sympathiques messieurs en orange et kaki sont déjà assis. En attendant un retardataire qui vide sa vessie, l’un d’entre eux raconte à son sujet à l’assemblée hilare :– Il a tiré un paon, l’andouille ! Rires.
– Un paon ? Quel ballot. Et il l’a eu ?
– Bah, je crois, mais tu penses bien que je ne suis pas allé voir, hein. Il était midi moins dix, et j’avais faim… et soif !
– Ha-Ha-Ha-Ha ! J’ai passé mon chemin. Il n’y a plus de coups de feu, les braves se sustentent quelque part, bien au chaud. Dans un sentier rectiligne bordé de grillages, je me trouve soudain nez-à-nez avec une femelle chevreuil blessée.
Mourante, en fait.
Me voyant au dernier moment, elle essaie de sauter par-dessus le grillage qu’elle heurte de plein fouet. Elle retombe lourdement sur le sol et ne se relève pas. Terrorisée, tremblante et parcourue de soubresauts, la langue pendante et le flanc écarlate, elle ne fuit plus. Tandis que je lui parle doucement, désemparé, impuissant, la vie quitte lentement ses yeux.Vive la chasse ! Vivent les chasseurs !