Un bon raccourci
- Publié le Jeudi 24 mai 2012
- par Serval
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Traversée Nord-Sud, étape n°28 : Morée -> Selommes (vendredi 15 juillet 2011)
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud.
Dans une clairière du bois où je viens de pénétrer, un ouvrier de l’ONF est adossé à la roue d’un gros engin forestier à l’arrêt. Il est très occupé à sculpter un bâton avec son Opinel. Je m’arrête, on discute. Il n’est pas pressé, moi non plus. On parle du temps qu’il fait, du temps qu’il fera, des arbres du coin, du plaisir de randonner dans la nature au lieu de travailler et du plaisir de se sentir toujours en vacances quand c’est dans la nature qu’on travaille. Et quand vient pour moi le moment de repartir :
— « Eh, tu pars par là ? C’est bien trop long ! Attends, pour sortir du bois, je connais un bon raccourci : tu continues tout droit sur ce petit sentier pendant cinq ou dix minutes. Là, tu vas tomber sur un chemin pierreux. À cent mètres à droite, y’a un dépôt de grumes. Tu lui tournes le dos, tu pars à gauche jusqu’à un vieux relais de chasse, tu prends à droite à l’embranchement et ensuite c’est tout droit. Avec ça, tu vas gagner au moins une demi-heure ! »
— « Super, merci pour le tuyau ! Au revoir ! »
Un quart d’heure plus tard, mon sentier croise le chemin pierreux annoncé. Effectivement, il y a des grumes à cent mètres… sur la gauche. À droite, nada. Est-ce la langue du forestier qui a fourché ou est-ce moi qui me rappelle mal ? Bon, je veux aller vers le sud et d’après le soleil le sud est à gauche… je vais prendre à gauche.
Encore une demi-heure plus tard. Il y a des grumes un peu partout. Le chemin est devenu un étroit sentier qui serpente entre les arbres, qui tourne et retourne et change sans cesse de direction. Le soleil s’est voilé et ma boussole est dans mon sac. Je ne suis pas du tout certain de marcher encore vers le sud. D’ailleurs, je n’ai pas vu le moindre relais de chasse. En résumé, je me suis perdu mais ce n’est pas bien grave, j’entends le bruit d’un autre engin forestier pas très loin devant, je vais pouvoir redemander ma route.Ce n’est pas un autre engin forestier, c’est le même, et c’est la même clairière. L’ouvrier que j’ai quitté il y a une heure est à son bord, en train de déplacer un gros tronc. Par chance il me tourne le dos et le bruit du moteur l’a empêché de m’entendre approcher. Vite, vite, je file sous les arbres et m’éloigne. Il ne manquerait plus qu’il me voie et comprenne que j’ai tourné en rond pendant une heure ! Tout de même, on a sa fierté.