Dans la forêt
- Publié le Samedi 11 décembre 2010
- par Serval
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Traversée Nord-Sud, étape n°10 : Crécy-en-Ponthieu -> Abbeville (Lu 06/09/2010)
Vous pouvez aussi voir ici la liste de toutes les étapes de la Traversée Nord-Sud.
La grande forêt est lumineuse et tranquille. Il fait beau, il commence à faire chaud, mais il y a quelque chose dans l’air qui ne trompe pas ; une douce humidité, une odeur de terre qui devient plus forte, un rien d’ocre qui se glisse dans les verts. C’est presque imperceptible — mais presque seulement — l’été touche à sa fin.
Au pied des hêtres qui forment la futaie, hauts et droits comme des mâts de navire, le sentier ondule. Il passe entre les troncs élancés, longe les champs de fougères et les buissons de ronces, effleure une mare. Un églantier ça et là, de l’aubépine, d’autres arbustes que je ne sais reconnaître, et des champignons.
Le feuillage des grands arbres filtre les rayons du soleil, laissant passer une lumière tamisée ou parfois, par touches, de clairs faisceaux translucides sous l’effet desquels la rosée du matin s’évapore. Elle s’élève en une légère brume au-dessus du sous-bois, faisant sourdre un parfum un peu lourd de terre, d’humus et de champignons.Des oiseaux invisibles chantent dans les cimes. Leur musique accompagne le son de mes pas, s’interrompant parfois à mon approche pour reprendre bientôt, un peu plus en arrière. Au loin, le bruit intermittent d’une scie rappelle que des hommes sont là, qui entretiennent harmonieusement cette forêt. Ils ont réussi à lui conserver un aspect sauvage tout en la nettoyant et en l’aidant à prospérer. La forêt de Crécy est une belle forêt, vivante et habitée. J’ai l’illusion pourtant qu’elle n’appartient qu’à moi ce matin ; à moi, aux oiseaux, et aux écureuils qui se sauvent en m’entendant approcher, leur queue rousse dressée tandis qu’ils sautent sur le tronc le plus proche pour se réfugier dans les branches.
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Saisi du coin de l’œil, un mouvement furtif sur ma droite : le chevreuil disparaît en un soupir lorsque je tourne la tête dans sa direction. J’ai bougé trop vite pour ne pas l’effaroucher mais trop lentement pour faire plus que l’apercevoir. Seules quelques feuilles frémissent encore à l’endroit où il se trouvait il y a un instant. Il est parti. Mais non, ce n’est qu’un leurre, c’est moi qui pars, moi qui ne fais que passer. Bientôt je serai loin, et lui continuera à se promener dans cette forêt qui est sienne.